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Deuxième Commission: l’agriculture durable et la nutrition sont plus que jamais nécessaires face à l’augmentation de la faim et de l’obésité

AG/EF/3499

Assemblée générale Deuxième Commission
Soixante-treizième session, 10e et 11e séances – matin & après-midi

La faim dans le monde est de nouveau à la hausse après avoir reculé pendant plusieurs années: tel est le constat alarmant du rapport du Secrétaire général sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition, présenté aujourd’hui à la Deuxième Commission (économique et financière). Les conflits, les chocs climatiques et la pauvreté sont parmi les facteurs expliquant cette évolution, ont constaté les délégations qui ont en même temps déploré l’augmentation du surpoids et de l’obésité en raison d’une alimentation déséquilibrée.

Éliminer la faim et la pauvreté sont les premiers objectifs de développement durable, ont rappelé le Groupe des 77 et la Chine, et, au vu de la tendance actuelle, la réalisation de l’objectif 2 -Faim « zéro »- est très compromise. Parmi les 51 pays confrontés à l’insécurité alimentaire, 33 sont dans la catégorie des pays les moins avancés (PMA), a relevé le porte-parole de ce Groupe. L’Inde a tenu à souligner « l’ironie de la situation actuelle », puisqu’on produit suffisamment de nourriture pour satisfaire les besoins de toute la population mondiale, alors que des millions de personnes souffrent toujours de la faim au quotidien. De plus, la faim et l’extrême pauvreté prédominent dans les régions rurales, où les aliments sont pourtant produits, ce qui constitue un symptôme de rupture des systèmes agricoles, comme l’a noté l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Les effets négatifs des changements climatiques sur la sécurité alimentaire en termes d’accès à la nourriture et de qualité des aliments ont été soulignés à maintes reprises par les intervenants comme l’un des facteurs aggravants pour le développement agricole. Les catastrophes climatiques auront un impact non seulement sur les personnes vulnérables mais aussi sur l’accès à des ressources comme l’eau qui sera de plus en plus difficile, ce qui va freiner voire empêcher la production agricole et limiter le développement économique et social, a fait observer Mme Madhushree Chatterjee, du Département des affaires économiques et sociales, en présentant les rapports du Secrétaire général.

L’un des facteurs clefs pour rompre le cycle vicieux de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition est l’agriculture, a assuré Sri Lanka. Les pratiques agroécologiques, que plusieurs pays ont adoptées, sont une façon de transformer les systèmes agricoles tout en protégeant l’environnement, la santé et la nutrition, a fait observer Mme Chatterjee. Malheureusement, le secteur agricole subit toujours une pression excessive par manque d’investissements. Comme l’a résumé le Mali, le secteur agricole reste confronté à d’immenses défis: maintenir la sécurité alimentaire d’une population croissante, gérer de façon durable les ressources naturelles dans la perspective des changements climatiques, améliorer la productivité, sécuriser et accroître les revenus des exploitants, assurer la maîtrise de l’eau.

Nombre de délégations ont insisté sur la nécessité d’aider l’agriculture à se moderniser, à adopter de nouvelles technologies et à augmenter sa productivité, sans oublier les petits exploitants, en particulier les femmes, qui assurent les moyens de subsistance d’une large partie de la population dans nombre de pays en développement, comme l’a rappelé le groupe des PMA. Tous les pays devraient investir davantage et promouvoir les nouvelles technologies pour assurer la sécurité alimentaire des PMA, a renchéri la Chine. Il s’agit par exemple, a expliqué la Communauté des Caraïbes (CARICOM), de développer des semences résistantes aux sécheresses et aux inondations et une gestion durable du bétail.

L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a plaidé pour une démarche globale, puisque les problèmes d’agriculture sont également liés aux systèmes de santé, à la sécurité de l’eau, aux changements climatiques, à la santé des océans ainsi qu’à la volatilité des prix des produits de base et à l’accès aux marchés. Le Groupe des États d’Afrique a remarqué que les distorsions et les déséquilibres sur les marchés agricoles mondiaux empêchent les pays d’Afrique d’y accéder, alors que le continent a un énorme potentiel en matière agricole, puisqu’il possède la plus grande surface de terres fertiles non cultivées. Les subventions massives de l’agriculture dans les pays développés, qui ont conduit à des distorsions sur les marchés des produits agricoles, doivent prendre fin, a abondé le Brésil.

Le Costa Rica a rappelé que l’Assemblée générale avait adopté une résolution proclamant la Décennie de l’agriculture familiale 2019-2028. Cette délégation présentera au cours de cette session, avec d’autres pays, un projet de résolution pour faire du 7 juin la « Journée mondiale sur l’innocuité alimentaire », afin de concentrer les efforts sur la qualité des aliments. De son côté, la Finlande a lancé une initiative pour proclamer 2020 « année internationale de la santé des plantes » afin d’attirer l’attention sur la progression des organismes nuisibles qui causent de graves problèmes aux cultures, et ainsi promouvoir des pratiques responsables. Quant au Burkina Faso, il est porteur d’un projet de résolution sur une Journée mondiale des légumineuses le 10 février.

Lundi 15 octobre à 10 heures, la Deuxième Commission entendra la Présidente de l’Assemblée générale, avant d’entamer l’examen du point sur le développement durable.

DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION

Présentations des rapports

Mme MADHUSHREE CHATTERJEE, Chef de la Subdivision des politiques et analyses de la Division du développement durable du Département des affaires économiques et sociales, a présenté le Rapport du Secrétaire général (A/73/293) intitulé Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition. Elle a souligné une grande tendance: la faim est de nouveau à la hausse après avoir reculé pendant plusieurs années. En 2017, 821 millions de personnes étaient sous-alimentées, contre 777 millions en 2015 et 815 millions en 2016. Malgré l’assistance humanitaire, les populations vulnérables sont confrontées à des risques de famine, a dit Mme Chatterjee, citant le Nord-Est du Nigéria, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen. Quant à la malnutrition chronique, elle se manifeste sous diverses formes et touche 1 enfant de moins de 5 ans sur 5 dans le monde. Dans le même temps, le surpoids et l’obésité sont en augmentation en raison d’une alimentation déséquilibrée: on compte 1,3 milliard de personnes en surpoids et 600 millions d’obèses.

Le rapport du Secrétaire général souligne aussi l’importance du lien intrinsèque entre l’objectif 2 de développement durable (Faim « zéro ») et les autres objectifs. Les pratiques agroécologiques, que plusieurs pays ont adoptées, sont ainsi une façon de transformer les systèmes alimentaires tout en protégeant l’environnement, la santé et la nutrition. Quant aux catastrophes, elles ont des répercussions sur toutes les dimensions de la sécurité alimentaire, et Mme Chatterjee a souligné que les changements climatiques auront un impact non seulement sur les personnes vulnérables mais aussi sur l’accès à des ressources comme l’eau qui sera de plus en plus difficile. La rareté de l’eau est un facteur exacerbant car elle freine voire empêche la production agricole et limite le développement économique et social.

S’agissant du Rapport du Secrétaire général (A/73/287) sur les Activités organisées pendant l’Année internationale des légumineuses (2016), il montre que cette année internationale a permis de sensibiliser le public partout dans le monde aux avantages de ces plantes et de mettre en évidence le rôle qu’elles peuvent jouer dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Malheureusement, a indiqué Mme Chatterjee, le secteur agricole subit toujours une pression excessive par manque d’investissements. Elle a souligné, à cet égard, l’importance de la coopération Sud-Sud, de la coopération triangulaire et des partenariats pour promouvoir les initiatives. Le transfert de technologies est essentiel pour améliorer les pratiques agricoles et réaliser l’objectif 2 de développement durable, a-t-elle encore ajouté.

Dialogue interactif

À la question du Nigéria se demandant ce qui a accéléré la malnutrition dans le Nord-Est du pays et ce qu’il pourrait faire avec la communauté internationale pour améliorer la situation, Mme Chatterjee a conseillé de s’adresser à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour mieux répondre à cette question.

Pour répondre au Paraguay qui s’est interrogé sur les liens entre l’objectif 2 de développement durable et les autres objectifs, Mme Chatterjee a donné l’eau comme exemple, ainsi que la santé et l’assainissement. Elle a renvoyé au rapport du Secrétaire général et à la plateforme des connaissances sur les objectifs de développement durable pour davantage d’informations.

M. ELASHMAWY (Égypte), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a rappelé que le nombre de personnes souffrant de la faim avait augmenté depuis trois ans, à des niveaux pas vus depuis plus de 10 ans. Le nombre absolu de personnes dans le monde souffrant de malnutrition ou de sous-alimentation chronique est passé de 804 millions en 2016 à 821 millions en 2017, et le G77 et la Chine ont noté avec inquiétude que le nombre de personnes risquant de subir l’insécurité alimentaire a lui aussi grossi, passant de 108 millions en 2016 à 124 millions en 2017. Le G77 et la Chine craignent que le rythme de la réalisation des objectifs de développement durable ne puisse pas promouvoir le changement nécessaire pour atteindre l’objectif numéro 2, et que les cibles relatives à la faim ne soient pas atteintes dans beaucoup d’endroits du monde.

Éliminer la faim et la pauvreté sont les premières priorités des objectifs de développement durable, a poursuivi le représentant. Dans ce contexte, le G77 approuve l’application de la résolution A/72/238 du Secrétaire général sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition, qui dit que mettre fin à la pauvreté nécessite le rehaussement des salaires en zone rurale et l’accroissement de la productivité soutenable, pour transformer les modes de vies des foyers ruraux, et que le développement inclusif et durable de l’agriculture et des système alimentaires joue un rôle clef.

Le G77 a aussi plaidé en faveur de la hausse des investissements et du renforcement des capacités pour augmenter la productivité agricole. Le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba soulignent tous deux que les investissements dans l’agriculture sont cruciaux pour améliorer la productivité du secteur, a argué la délégation. Le G77 souligne la difficulté pour les États Membres, et en particulier les pays en développement, de rattacher les liens complexes entre sécurité alimentaire, nutrition, transformations rurales et agriculture durable avec les autres objectifs de développement durable. Pour être mieux à même de réaliser l’objectif 2, le représentant a prôné la promotion de politiques et de programmes nationaux intégrés ainsi que du partage de connaissances et des partenariats productifs.

L’agriculture demeure le secteur dominant dans le produit intérieur brut (PIB), les exportations et l’emploi dans de nombreux pays en développement, a enfin remarqué le représentant qui, dans ce contexte, a souhaité un système commercial bien régulé. Cela est nécessaire pour faciliter un environnement global plus favorable à l’instauration de la sécurité alimentaire et à l’agriculture durable, en rendant les denrées alimentaires plus abondantes et bon marché. Par conséquent, le Groupe a souligné que le commerce agricole pouvait contribuer à réaliser les objectifs de développement durable de nombreuses manières.

Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné la recrudescence de la malnutrition dans le monde et souligné que, selon les estimations de la FAO, il faudra une augmentation de la production alimentaire de 70% d’ici à 2050 pour pouvoir satisfaire les besoins de la population mondiale qui devrait atteindre alors les 9,1 milliards. C’est pourquoi l’ASEAN plaide pour des investissements dans l’agriculture, reconnaissant toutefois que ce n’est pas la panacée pour résoudre le problème de l’insécurité alimentaire. Il faut aussi une approche holistique plus large allant de la lutte contre les changements climatiques, à celle contre la pauvreté et les pertes en biodiversité ainsi que des systèmes agricoles et alimentaires durables. Il s’agit là d’une des grandes priorités des pays de l’ASEAN qui, comme l’a rappelé la représentante, sont les premiers producteurs de riz au monde et représentent un « panier alimentaire fertile ». Cela ne signifie pas pour autant que ces pays ne font pas face aux aléas des changements climatiques, au déclin de leurs ressources naturelles et à une urbanisation rapide.

De plus, la population des États de l’ASEAN devrait passer de 650 millions d’habitants à 800 millions en 2035, et c’est sur cette base que la feuille de route à l’horizon 2025 de la Communauté économique de l’ASEAN a été établie. Son objectif est notamment d’ajuster la production alimentaire à cette demande croissante et de garantir des prix abordables et une bonne qualité des aliments, a expliqué la représentante. Il a présenté certains éléments de cette feuille de route comme le Plan stratégique pour la coopération en matière d’alimentation, d’agriculture et de sylviculture, y compris la gestion durable des forêts tropicales. Les dirigeants des pays de l’ASEAN ont également adopté une Déclaration en 2017 par laquelle ils s’engagent à mettre fin à toute forme de malnutrition à travers une approche collaborative et multisectorielle de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Compte tenu de la vulnérabilité de ces pays face aux changements climatiques, le dernier sommet ministériel de l’ASEAN sur l’action climatique a galvanisé la mobilisation de la région autour de cet enjeu, a indiqué la représentante avant d’indiquer que le Plan stratégique pour l’environnement (2016-2025) est sur le point d’être finalisé.

M. PERKS LIGOYA (Malawi), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a déploré que parmi les 51 pays confrontés à insécurité alimentaire, 33 sont des PMA, avec une population combinée de 81,8 millions de personnes. Un quart des PMA connaissent une grave insécurité alimentaire, et plus encore au Nigéria, au Soudan du Sud et au Yémen, trois pays exposés au risque de famine. « C'est un défi immense qui nécessite des partenariats solides si nous voulons le vaincre », en a conclu M. Ligoya.

Entre 2015 et 2017, le nombre de personnes mal nourries dans les PMA est passé de 216 millions à 237 millions, problème auquel il faut ajouter les incidences des changements climatiques: les effets combinés des phénomènes climatiques extrêmes, de la concentration de gaz à effet de serre, du changement de température, et des précipitations. Ces phénomènes ont des conséquences négatives sur la sécurité alimentaire en termes d’accès à la nourriture et de qualité des aliments, a dit le représentant, reprenant des données du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC).

M. Ligoya a donc réclamé des investissements appropriés. De son avis, il est également nécessaire de mieux informer les agriculteurs et de développer de nouvelles technologies. Dans les PMA, les exploitations sont souvent de petite taille, et gérées par des femmes, une population très exposée et vulnérable aux fluctuations des prix et aux chocs environnementaux. Mettre fin à la pauvreté et à la faim, tout en atteignant la sécurité alimentaire dans les PMA, va nécessiter des efforts concertés à tous les niveaux, national et international, a conclu M. Ligoya.

M. RUDOLPH MICHAEL TEN-POW (Guyana), qui s’exprimait au nom des États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a mis l’accent sur la vulnérabilité extrême de ces pays aux impacts destructeurs des changements climatiques. Il a souligné la menace que cela représente pour la production et les infrastructures agricoles et, par conséquent, pour leur sécurité alimentaire. Augmenter la résilience de ces pays face aux aléas climatiques à travers des pratiques agricoles sensibles au climat, des systèmes de gestion des eaux, des semences résistantes aux sécheresses et aux inondations et une gestion durable du bétail sont autant d’objectifs à atteindre dans le cadre de l’objectif 2 de développement durable. Il s’agit de passer d’une agriculture de plantation qui remonte à l’époque coloniale à une agriculture moderne sur le plan technique et en termes d’infrastructures. Il faut aussi encourager l’investissement pour parvenir à une meilleure productivité, a expliqué le représentant. La politique agricole commune adoptée par la CARICOM jette les bases de cette transformation du secteur agricole et cherche à augmenter la part des exportations agricoles tout en veillant à la satisfaction de la demande locale, a expliqué le représentant. « Notre objectif est de faire des Caraïbes la première région résiliente aux changements climatiques avec les soutiens de nos partenaires internationaux, y compris le l’Institut interaméricain pour la coopération dans le domaine de l’agriculture. »

Le représentant a ensuite soulevé le problème que représentent les importations alimentaires dans la CARICOM: elles représentent 60% des aliments et près de 4 milliards de dollars par an soit une augmentation de 50% par rapport à 2 000. Les efforts pour lutter contre cette réalité nouvelle n’ont pas été concluants à ce jour, a-t-il expliqué, tout en restant optimiste par rapport au potentiel de l’augmentation de la production locale de manioc pour se substituer au blé et au maïs importés. Cela pourrait représenter 5% de la facture des importations alimentaires, a souligné M. Ten-Pow. Élargissant le débat, il a affirmé que les défis du secteur agricole ne peuvent toutefois être relevés sans qu’il y ait un système commercial multilatéral ouvert, non-discriminatoire et réglementé pour promouvoir l’agriculture et le développement rural dans les pays en développement. Cela contribuerait grandement, à ses yeux, à la sécurité alimentaire et l’alimentation dans le monde.

M. FARZANA ZAHIR (Maldives), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), s’est alarmé du fait que la sécurité alimentaire dans les petits États insulaires en développement (PEID) soit mise à mal à cause des changements climatiques, de la dégradation de l’environnement, y compris celle des océans, et des crises économiques mondiales. Pour ces pays, le lien entre sécurité alimentaire, changements climatiques et océans durables est d’autant plus fort qu’ils sont vulnérables aux chocs externes et ont des ressources limitées. C’est ainsi que le représentant a expliqué que les zones agricoles côtières des certains PEID sont détruites par les catastrophes naturelles, et les productions sont perdues, tandis que les infrastructures de transport sont endommagées. De même, la dégradation des écosystèmes marins affecte les moyens de subsistance, sans oublier la pêche illégale qui détruit les ressources marines.

De nombreux PEID sont des importateurs de nourriture, ce qui les expose à l’extrême volatilité des prix des marchandises et des transports, a poursuivi le représentant. Pour couronner le tout, ces aliments importés sont de faible valeur nutritive et contribuent même à l’épidémie de maladies non transmissibles tels que le diabète, les problèmes cardiaques, l’obésité et bien d’autres affections. La FAO apporte son soutien aux PEID pour améliorer la nutrition des populations, mais le manque de fonds est un obstacle qui entrave la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour relever les défis pressants liés à la sécurité alimentaire, à la nutrition et aux impacts des changements climatiques auxquels sont confrontés les PEID. Le représentant des Maldives a prévenu qu’il fallait adopter une démarche globale, puisque les problèmes d’agriculture sont également liés aux systèmes de santé, à la sécurité de l’eau, aux changements climatiques, à la santé des océans ainsi qu’à la volatilité des prix des produits de base et l’accès aux marchés.

M. OMAR HILALE (Maroc), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a remarqué que seulement 13 ans séparaient la communauté internationale de la date limite de 2030 pour réaliser les objectifs de développement durable, et que des étapes concertées étaient toujours nécessaires pour y arriver. Au rythme actuel, l’objectif 2 sera difficile à atteindre, a-t-il prévenu, particulièrement inquiet de la malnutrition en Afrique subsaharienne et en Asie.

Pour sa part, l’Union africaine a pris des initiatives ciblées pour parachever sa vision du secteur de l’agriculture pour le continent, notamment via le Plan exhaustif de développement agricole de l’Afrique (PDDAA), ainsi que via la Déclaration de Malabo sur l’Agriculture africaine, la stratégie et la feuille de route de mise en œuvre du PDDAA. Le but est d’éliminer la faim d’ici à 2025. L’Afrique a un énorme potentiel en matière agricole, a-t-il affirmé; le continent possède en effet la plus grande surface de terres fertiles non cultivées, des ressources en eau abondantes, et une proximité des plateformes de transport et des marchés régionaux. La jeunesse du continent est aussi un atout, a-t-il noté.

Déplorant le manque d’investissements dans le domaine de l’agriculture et celui de la protection sociale, le représentant a remarqué que les distorsions et les déséquilibres sur les marchés agricoles mondiaux empêchaient les pays d’Afrique d’accéder à ce marché. La communauté internationale, a-t-il lancé, a une opportunité à saisir en y remédiant. Rappelant que le développement agricole jouait un rôle clef dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine, il a souligné que le secteur offrait un énorme potentiel en matière de réduction de la pauvreté et de création d’emplois, particulièrement parmi les populations les plus vulnérables.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador), qui s’exprimait au nom des États de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé l’engagement de ces pays à réaliser leur Plan pour la sécurité alimentaire, l’alimentation et l’élimination de la faim (2025 CELAC FSN PLAN), qui est en ligne avec le Programme 2030 et est transposé dans leurs stratégies nationales. La CELAC mise notamment sur des mesures pour faciliter et renforcer les programmes de nutrition dans les écoles de la région. Elle prend note des directives de la FAO sur les politiques agroenvironnementales en Amérique latine et dans les Caraïbes, « qui pourraient se révéler très utiles pour la protection des ressources et l’intégration, la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité dans les domaines de l’agriculture, des cheptels, de la sylviculture, des pêcheries et du tourisme », a estimé le représentant. Il a également mis l’accent sur l’importance des investissements dans l’agriculture et notamment dans les structures familiales, comme moyen pour augmenter la sécurité alimentaire, remédier aux problèmes de chômage et renforcer les économies nationales tout en augmentant le bien-être des fermiers.

La CELAC poursuivra son action contre la malnutrition sous toutes ses formes, en particulier chez les enfants en bas âge, a poursuivi M. Escalante Hasbún en expliquant que cela se faisait notamment par des actions de formation au niveau local pour que les organisations communautaires puissent devenir un relai des services alimentaires. La Communauté cherche également à promouvoir des systèmes de production inclusifs et efficaces qui facilitent la participation des petits agriculteurs et permettent de réduire les gaspillages. À cet égard, le représentant a rappelé l’impact des phénomènes météorologiques extrêmes sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition, soulignant l’importance du soutien de la communauté internationale dans ce domaine. En effet, la CELAC compte sur le rôle de la coopération Sud-Sud, la coopération triangulaire et la coopération Nord-Sud, ainsi que sur l’aide publique au développement (APD), pour augmenter les capacités nationales des pays de la Communauté, afin qu’ils résistent mieux aux impacts des changements climatiques. Ainsi, elle renouvelle son appel pour un soutien technique et financier de la part de la FAO, de l’OMS, du PAM, de la CEPALC, de l’ALADI et de l’IFAD dans la mise en œuvre du Plan FSN 2025 de la CELAC et pour la réalisation des objectifs de développement durable.

Pour M. VIDHU P. NAIR (Inde) la croissance accélérée des économies rurales et de l’agriculture est un impératif si l’on veut briser le « cercle vicieux » de la pauvreté extrême, de la sous-nutrition et de la malnutrition. Même s’il place certains espoirs dans les avancées technologiques pour répondre à ce défi, il a tenu à souligner « l’ironie de la situation actuelle » puisqu’on produit suffisamment de nourriture pour satisfaire les besoins de toute la population mondiale, alors que des millions de personnes souffrent toujours de la faim tous les jours. Pour sa part, l’Inde a plus que quintuplé sa production alimentaire depuis son accession à l’indépendance il y a 70 ans, étant devenue en quelques décennies une nation autosuffisante sur le plan alimentaire grâce à une révolution verte, et, aujourd’hui, elle est même un exportateur net de produits alimentaires.

Pour y arriver, l’Inde a misé sur les technologies agricoles et la recherche, ainsi que sur des investissements dans les infrastructures rurales et les capacités humaines, a expliqué le représentant, en citant aussi les facilités de crédit et d’approvisionnement à des coûts minima et le renforcement des institutions de soutien. « Beaucoup des succès agricoles de l’Inde s’expliquent par sa capacité d’apporter des solutions innovantes et rentables aux défis rencontrés par les agriculteurs, comme des tracteurs à bas prix, des circuits de semences et des nouvelles technologies de gestion de l’eau », s’est enorgueilli l’intervenant. Il a toutefois reconnu, que face à la demande croissante, il restait de nombreux défis à relever notamment pour augmenter la productivité agricole et pour généraliser des pratiques agricoles durables tout en connectant les fermes aux marchés et en améliorant les systèmes de distribution alimentaire.

Il y a deux ans, « nous avons rêvé de doubler le revenu des fermiers indiens d’ici à 2022 », a poursuivi le représentant, expliquant que, pour y arriver, le Gouvernement avait mis en place des mécanismes pour soutenir les droits de l’agriculteur allant de l’achat des semences à l’accès de leurs produits aux marchés, et faisant appel à un système d’identification biométrique pour être sûr que ces mécanismes profitent bien aux destinataires voulus. Le Gouvernement a également reconnu l’importance des marchés locaux pour l’écoulement des produits des petits producteurs et a créé le Marché agricole national (NAM) et e-NAM qui est une plateforme digitale unifiée pour les biens agricoles. Un régime d’assurance récoltes a également été mis en place pour les fermiers.

M. IAN S. NAUMKIN (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par le nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition dans le monde, estimant que des mesures globales et coordonnées, sous l’égide des organisations internationales, sont nécessaires pour remédier à cette situation. Si la lutte contre la faim est un objectif prioritaire, le représentant a noté qu’il fallait aussi garantir la qualité de l’alimentation, ce qui aura notamment pour effet de réduire l’incidence des maladies non transmissibles. Un même pays peut être touché par la faim et l’obésité, a-t-il souligné. Il s’est félicité des initiatives de l’ONU comme la Décennie pour la nutrition (2016-2025) ou la Journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre. La Russie est aussi un bailleur de fonds et a, par exemple, mis en place des projets de sécurité alimentaire dans plusieurs pays d’Asie centrale en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM), et ce, depuis 2010.

M. RODRIGO ALBERTO CARAZO ZELEDÓN (Costa Rica) a remercié les pays qui soutiennent l’approbation de la Décennie de l’agriculture familiale 2019-2028. Il a ensuite fait valoir l’importance de l’innocuité alimentaire pour la réalisation des objectifs de développement durable liés à l’élimination de la faim, à la santé, au commerce international et pour la promotion de modèles de production et de consommation durables. On estime en effet qu’environ 600 millions de personnes tombent malades chaque année après avoir ingéré des aliments impropres à la consommation, et que 420 000 en meurent. Les aliments contenant des bactéries, des virus, des parasites ou des substances chimiques nocives sont la cause de quelque 200 maladies, dont le cancer, a expliqué M. Carazo. Il a jugé nécessaire de prendre des initiatives globales pour mettre en place des systèmes efficaces et effectifs de contrôle de l’innocuité dans toute la chaîne alimentaire, de la production au consommateur. En ce sens, le Costa Rica présentera à la Deuxième Commission un projet de résolution pour faire du 7 juin la « Journée mondiale sur l’innocuité alimentaire ».

M. MURTADA HASSAN ABUOBEIDA SHARIF (Soudan) a déploré que la faim augmente au Soudan après des années de déclin, pour différentes raisons: conflits armés, ralentissement de l’économie, changements climatiques. Tous ces éléments constituent un défi majeur pour la communauté internationale, a-t-il constaté en appelant celle-ci à redoubler d’efforts pour éliminer la faim et la malnutrition. Éliminer la faim est une priorité des objectifs de développement durable, a-t-il rappelé. Dans le cas des zones rurales, où 80% des Soudanais vivent et se nourrissent principalement de culture et de pêche, une agriculture durable pourrait grandement améliorer leur vie. Le représentant a indiqué que le Soudan possède des millions d’hectares de terres arables et qu’il peut produire une agriculture diversifiée. Le Soudan, a-t-il poursuivi, a élaboré des plans stratégiques pour augmenter sa productivité agricole, et a lancé une initiative au niveau régional pour renforcer la sécurité alimentaire et développer des réserves. Le représentant a demandé à l’ONU d’appuyer ces efforts en contribuant au renforcement de ses capacités et au transfert de technologies.

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a remarqué que de nombreux pays avaient redoublé d’efforts pour accroître la productivité agricole. Mais ces efforts sont confrontés à un défi d’envergure: développer l’agriculture durable contre des phénomènes qui ne sont pas de leurs responsabilités. En Algérie, la sécurité alimentaire est un objectif prioritaire depuis la crise alimentaire mondiale de 2007, qui a mis au jour la vulnérabilité du pays aux chocs extérieurs. Pour y remédier, les autorités algériennes ont octroyé un « cachet de souveraineté alimentaire », avec une politique agricole nationale, et une approche multisectorielle, où plus de 13 milliards de dollars ont été investis pour améliorer l’existence des population rurales, avec l’aide du secteur privé. La sécurité énergétique et hydraulique vers laquelle se dirige l’Algérie permettra de réduire les déséquilibres commerciaux, de favoriser un développement durable, et d’assurer la sécurité alimentaire du pays. M. Bessedik a enfin appelé la communauté internationale à nourrir la population pauvre à des prix adéquats et abordables, face aux situations d’urgence provoquées par les changements climatiques.

M. GHULAM SEDDIQ RASULI (Afghanistan) a plaidé pour des actions urgentes pour améliorer les systèmes de production agricole, revitaliser le secteur agricole, promouvoir le développement rural et autonomiser les groupes traditionnellement exclus, comme les petits exploitants. Environ 45% des Afghans connaissent l’insécurité alimentaire: si le conflit a joué un rôle dans cette situation, les changements climatiques ont aussi des effets profonds sur la sécurité alimentaire, notamment en raison de l’augmentation de la sécheresse, a fait remarquer le représentant. Il a aussi relevé qu’environ 85% des Afghans sont impliqués dans l’agriculture, raison pour laquelle tout changement climatique touche les moyens de subsistance de millions de personnes. Pour tenter d’y remédier, le Gouvernement a lancé un programme national de sécurité alimentaire et de nutrition en octobre 2017.

M JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a estimé que la mise en œuvre des objectifs de développement agricole, de sécurité alimentaire et de nutrition dans les pays en développement est l’une des questions les plus importantes sur lesquelles la communauté internationale doit concentrer ses efforts. La délégation a pris note dans le rapport du Secrétaire général que l’insécurité alimentaire grave touche de façon disproportionnée les régions rurales, et en particulier les femmes. Elle a jugé important de tenir compte du fait que la sécurité alimentaire exige une croissance économique équitable, la création d’emploi, la génération de revenus et d’avancées technologiques, surtout dans le secteur agricole. La première priorité de la stratégie nationale de souveraineté et de sécurité alimentaire du Nicaragua, mise en œuvre avec l’accompagnement de la FAO, est de garantir aux familles l’accès à une alimentation suffisante, nutritive et saine. Cela passe par des mesures de soutien aux petits producteurs et par une aide alimentaire aux victimes des changements climatiques. Au Nicaragua, la lutte contre la faim est étroitement liée à la lutte contre la pauvreté.

Mme NICOLA ROSEMARIE GABY BARKER-MURPHY (Jamaïque) a déclaré que son pays avait augmenté la part des investissements privés pour améliorer son rendement agricole, mais qu’il restait beaucoup d’efforts à faire dans ce domaine. En tant que PEID et pays importateur, la Jamaïque n’est pas autosuffisante, a-t-elle indiqué avant d’expliquer que la fréquence accrue des phénomènes climatiques extrêmes dus aux changements climatiques sont un énorme obstacle. L’importation alimentaire est couteuse et rend la Jamaïque vulnérable aux chocs économiques externes et aux changements climatiques, a-t-elle insisté. La représentante a déploré que les impacts économiques à long terme entravent la réalisation des objectifs de développement durable. Elle s’est par ailleurs alarmée que des changements profonds de régimes alimentaires entraînent un problème de santé publique mondial, avec une augmentation de l’obésité et des maladies non transmissibles comme le diabète.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a craint que l’objectif numéro 2 ne soit pas atteint d’ici à 2030, déplorant que dans un monde aussi connecté, la faim dans le monde reste prévalente. L’augmentation de la population et les changements climatiques ont privé le Bangladesh de terres arables, a-t-elle indiqué tout en se félicitant que le pays ait quand même réussi à tripler sa production agricole depuis 1971. Celle-ci représente désormais 14,75% du PIB et concentre la plupart des emplois. Le Bangladesh a mis en place des programmes pour mécaniser l’agriculture, développer le numérique et les nanotechnologies dans le cadre agricole. Il investit pour que le pays s’adapte aux changements climatiques, en inventant de nouvelles semences, plus adaptées. Longtemps sur la corde raide, le pays fait tout pour nourrir correctement ses citoyens, a assuré le représentant en signalant aussi que des dispositions juridiques ont été mises en place pour améliorer le secteur de la pêche ainsi que la traçabilité des produits.

M. ALADE AKINREMI BOLAJI (Nigéria) a noté les statistiques préoccupantes montrant que le monde, et les pays en développement en particulier, n’est pas sur la bonne voie pour réaliser l’objectif 2 de développement durable. Il a reconnu le lien entre l’éradication de la faim et de la malnutrition et l’autonomisation des habitants des zones rurales par la transformation des systèmes agricoles et alimentaires. Il a souligné l’importance des marchés locaux et nationaux pour les petits exploitants, vu que l’agriculture fournit les moyens de subsistance de la majorité des Nigérians. Pour sa part, le Nigéria se concentre sur la modernisation de l’agriculture et a mis en place des programmes pour en finir avec la faim et la malnutrition, qui donnent déjà des résultats. Il a investi dans les pratiques agricoles, et aussi dans la sensibilisation aux changements de comportement alimentaire. Le développement de l’élevage est essentiel pour améliorer l’accès à l’alimentation et le Nigéria a également distribué des semences très résistantes pour faire face aux effets négatifs des changements climatiques sur l’agriculture.

M. VITALII BILAN (Ukraine) a dit que son pays se sent très concerné par le problème de la faim, rappelant la tragédie d’Holodomor, une famine de masse organisée par le régime soviétique en Ukraine: en novembre, cela fera 85 ans. Aujourd’hui, l’Ukraine traverse une des périodes les plus difficiles de son histoire moderne, a-t-il poursuivi en se félicitant des travaux de la FAO et du PAM en Ukraine, qui aident le Gouvernement à faire face aux problèmes humanitaires. Il a dit que malgré ces difficultés, l’Ukraine reste un gros producteur de céréales. Pour finir, M. Bilan a plaidé pour que les causes multidimensionnelles et complexes de la faim soient traitées par des mesures globales et une coordination renforcée entre les institutions spécialisées des Nations Unies et les institutions financières internationales. Il faut aussi un système plus formel de gouvernance mondiale, a-t-il ajouté.

Mme SOBOTH SOK (Cambodge) a souligné que les questions d’agriculture, de sécurité alimentaire et de nutrition ont été intégrées dans la stratégie rectangulaire du pays et dans le Plan stratégique national de développement. Une stratégie nationale sur la sécurité alimentaire et la nutrition avait même été adoptée pour la période 2014-2018. La croissance économique de 7,7% que le Cambodge a connue au cours des dernières décennies est due en majorité au rôle du secteur agricole qui a généré, a affirmé la représentante, des emplois décents et des revenus supplémentaires pour des millions de Cambodgiens des zones rurales notamment. Afin d’améliorer son agriculture, le Gouvernement a investi dans les infrastructures d’irrigation rurale et dans la production de semences améliorées, tout en offrant des crédits à des conditions favorables aux agriculteurs. Ces efforts ont été couronnés de succès, puisque le Cambodge a reçu un prix des Nations Unies pour avoir diminué la faim de moitié avant la date butoir de 2025.

M. TANG TIANXI (Chine) a regretté que malgré les progrès de la productivité agricole, des millions de personnes souffrent encore de la faim dans le monde. Tous les pays devraient investir davantage et promouvoir les nouvelles technologies pour assurer la sécurité alimentaire des PMA, a remarqué le représentant. Il a indiqué que la Chine avait créé des « zones agricoles somptueuses » et adopté des politiques qui bénéficient à tous les agriculteurs, tout en modernisant son agriculture. La Chine accorde une importance particulière à la nutrition, avec un programme national d’amélioration des normes de nutrition qui vise les nouveau-nés, les étudiants, et les personnes âgées en milieu hospitalier.

M. ADEL AL AMIRI (Émirats arabes unis) a relevé qu’en dépit des conditions climatiques difficiles, le pays a engagé des mesures pour promouvoir une agriculture durable. Il a ainsi évoqué l’intégration des technologies modernes, une gestion efficiente des ressources naturelles, et des mesures pour tirer parti du statut du pays qui est l’un des marchés les plus prestigieux de la région. Les Émirats arabes unis ont aussi mis en place une banque alimentaire afin de distribuer des vivres aux plus démunis, tandis que le programme « Zerai » permet aux agriculteurs de bénéficier de formations et de services marketing offerts par le Gouvernement. Sur le plan multilatéral, les Émirats arabes unis ont également investi dans la sécurité alimentaire dans de nombreux pays à travers le monde, s’est félicité M. Al Amiri.

M. VILIAMI VA’INGA TŌNĒ (Tonga) a fait valoir que, pour répondre aux défis de l’agriculture, son Gouvernement promouvait une utilisation durable des ressources locales et une approche intégrée. Les répercussions négatives des changements climatiques pèsent sur la sécurité alimentaire des Tonga de manière directe et indirecte, a-t-il déploré, en expliquant que son pays travaille pour trouver des semences adaptées aux changements climatiques et tente de s’adapter. Le pays est également très touché par les maladies liées à la nutrition, ainsi que par des maladies non transmissibles qui pèsent beaucoup sur la société tongane. La production d’alimentation locale permettrait aux habitants des Tonga d’être en meilleure santé, a-t-il souligné en exprimant l’attachement de son pays à l’agriculture durable.

M. ANTONIO GUMENDE (Mozambique) a noté que plus de 70% de la population active du Mozambique travaille dans le secteur de l’agriculture. Fort de ce constat, le Gouvernement a fait de ce secteur l’une de ses quatre priorités avec les infrastructures, l’énergie et le tourisme. La population du pays est passée de 13 millions en 1990 à 28 millions en 2017, mais les techniques agraires sont restées les mêmes. La conséquence est visible, puisque 43% d’enfants âgés de 0 à 5 ans souffrent de retard de croissance sévère, avec des graves implications sur leur santé et leur éducation. Le représentant a aussi relevé les difficultés du domaine agricole liées aux catastrophes naturelles fréquentes et expliqué que, de ce fait, le pays dépend des importations pour se nourrir. Le Gouvernement entend désormais agir pour que l’agriculture de subsistance soit plus productive et orientée vers les marchés, notamment grâce à sa mécanisation et à l’utilisation de nouvelles technologies. Cela devrait permettre, a expliqué M. Gumende, aux petits producteurs de pouvoir se nourrir tout en augmentant leurs revenus pour s’offrir d’autres services comme l’éducation, la santé et les biens divers.

M. ALAMI (Maroc) a qualifié la faim de « défi majeur du monde contemporain », se basant sur le constat qu’il faudra augmenter la production agricole de près de 70% d’ici à 2050 pour parvenir à nourrir la population mondiale. Le représentant a également constaté que, dans la crise alimentaire menaçant des millions d’Africains, les conflits et les crises climatiques jouent un rôle déterminant. En Afrique, l’agriculture produite ne nourrit pas la population, et le budget agricole a beaucoup baissé, a-t-il souligné. Il a assuré que le Maroc partage son expérience et son savoir-faire: il met à la disposition d’autres pays africains une centaine d’experts pour les aider à développer leur propre irrigation et une agriculture durable. Dans le cadre de la FAO, des fonds de plus d’1 million de dollars ont été alloués par le Maroc pour que les pays demandeurs améliorent l’exploitation de leurs ressources naturelles. Pour le Maroc, la coopération Sud-Sud basée sur le partage du savoir-faire est de nature à jouer un rôle fondamental pour réaliser les objectifs de développement durable et réduire la vulnérabilité des pays africains.

Mme BARBARA BOECHAT DE ALMEIDA (Brésil) a rappelé que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, au cours de sa réunion de juillet 2017, placée sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), avait fait le constat que le rythme des avancées actuelles laisse présager que les cibles de l’objectif 2 de développement durable ne seront pas atteintes dans les temps. Le Brésil, a-t-il poursuivi, se félicite que l’Assemblée générale ait proclamé la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) l’an dernier.

Pour le Brésil, il faut davantage d’investissements dans l’agriculture et les zones rurales, y compris grâce à la coopération internationale, pour la promotion d’une agriculture véritablement productive dans les pays en développement, notamment en ce qui concerne l’agriculture familiale. De même, les subventions massives de l’agriculture dans les pays développés, qui ont conduit à des distorsions sur les marchés des produits agricoles, doit prendre fin. La représentante a expliqué que ces subventions détruisent les efforts menés pour développer un secteur agricole solide dans les pays en développement. Enfin, le Brésil soutient l’idée de faire du 7 juin la journée mondiale de la sécurité alimentaire, notamment du fait qu’il s’agit d’une question sérieuse affectant la vie des enfants et des populations vivant dans l’extrême pauvreté et la faim.

M. GEBEYEHU GANGA GAYITO (Éthiopie) s’est dit préoccupé que la faim dans le monde augmente après des décennies de recul, en attribuant la cause aux effets des changements climatiques et aux conflits. Il a jugé qu’une action coordonnée et urgente est nécessaire pour reprendre de l’élan et accélérer les mesures contre la faim, pour une bonne nutrition et pour une agriculture durable. De plus grands investissements dans le secteur agricole seraient nécessaires, de même que des transferts de technologie et un renforcement des capacités. L’Éthiopie a placé la productivité et la production agricole au cœur de sa stratégie de mise en œuvre de l’objectif 2 de développement durable, a indiqué le représentant, et elle a vu le nombre d’enfants enregistrant un retard de croissance baisser. Le représentant a également fait part de son soutien à une agriculture verte résiliente au climat, qui passe par exemple par le développement de la sylviculture et la préservation des sols et de l’eau.

M. MUSONDA (Zambie) a noté que le monde est loin d’être en passe d’éliminer la faim et de réaliser l’objectif 2 de développement durable Les changements climatiques et les facteurs politiques entravent les efforts, a dit le représentant, soulignant que la communauté internationale doit s’attaquer aux causes profondes de la faim et de la malnutrition. Pour sa part, le Gouvernement de la Zambie a lancé un programme d’aide à la modernisation du matériel agricole, qui a permis d’améliorer la production et les revenus des femmes. Celles-ci représentent environ 70% des petits exploitants, a-t-il précisé.

Mme LEILA CASTILLON LORA-SANTOS (Philippines) a relevé que la faim regagnait du terrain en raison des changements climatiques et des conflits. L’agriculture joue un rôle essentiel aux Philippines, a-t-elle dit, en signalant que le pays a lancé un plan national entre 2018 et 2022 pour développer la pêche et l’agriculture, un secteur qui emploie un tiers des Philippins. La représentante a estimé qu’il fallait mettre en avant l’agriculture familiale, en particulier les petites exploitations familiales agricoles et de pêcheries, pour faire régresser la pauvreté. Pour conclure, elle a appelé la communauté internationale à une assistance accrue à destination des pays en développement, pour les aider à lutter contre la malnutrition et l’insécurité alimentaire.

M. TONY OUTHAITHIP (République démocratique populaire lao) a fait valoir les progrès du pays dans le secteur agricole, pierre angulaire du développement économique national, avec 70% des emplois laotiens liés à l’agriculture. Pour la mise en œuvre de l’objectif 2, La République démocratique populaire lao a mis en place un comité national pour la nutrition qui contribue à la lutte contre la pauvreté et la faim. En outre, plusieurs plans d’action ont été mis en œuvre, notamment pour le renforcement des capacités des agriculteurs et la modernisation agricole. Le pays est actif dans ce domaine au sein de l’ASEAN, a précisé le délégué. Il a aussi mentionné les faiblesses de La République démocratique populaire lao où les zones irriguées sont peu nombreuses: l’essentiel du pays dépend donc grandement des précipitations. La République démocratique populaire lao est à la merci des changements climatiques, a poursuivi M. Outhaithip, en rappelant les graves inondations qui ont touché 115 des 148 districts du pays et y ont détruit beaucoup d’infrastructures. L’assistance internationale a cependant permis au pays d’améliorer la nutrition et la sécurité alimentaire dans le pays.

M. SAVITRI INDRACHAPA PANABOKKE (Sri Lanka) a jugé alarmant que plus de 800 millions de personnes souffrent de malnutrition chronique dans le monde. L’agriculture est l’un des facteurs clefs pour rompre le cycle vicieux de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition, a assuré le représentant, jugeant essentiel d’investir dans l’agriculture durable. Les changements climatiques sont néanmoins devenus une menace, avec des inondations qui ont eu de lourdes répercussions sur la production à Sri Lanka. Aussi, le pays a-t-il adopté de nouvelles techniques et des semences résistantes, et s’est-il engagé dans la diversification des cultures et l’utilisation de la technologie.

M. ARTHUR AMAYA ANDAMBI (Kenya) a dit que le secteur agricole représente 24% du PIB au Kenya et plus de 60% des opportunités d’emploi. Pour le Gouvernement, la contribution de l’agriculture à la sécurité alimentaire reste une priorité de développement national, de même que l’industrie, la couverture de santé universelle et le logement abordable. Le Kenya a mis en place une politique agricole reposant sur une triple approche l’approvisionnement, les prix et les revenus. Il accorde ainsi des subventions pour les intrants agricoles ainsi que des prêts, tout en veillant à améliorer les infrastructures agricoles et à développer les marchés agricoles. Il est aussi impliqué dans l’achat de maïs à des prix supérieurs à ceux du marché pour stimuler les producteurs. Et, pour ce qui est des revenus, il a augmenté sa contribution aux programmes d’éducation gratuite et a réduit les coûts de la santé dans les structures publiques de soins. Cela permet aux pauvres de disposer de meilleurs revenus pour se nourrir. Le représentant, qui a également noté les effets négatifs des changements climatiques, a indiqué que son pays cherche à améliorer la qualité des semences pour qu’elles soient plus résistantes à la sécheresse.

M. KANISSON COULIBALY (Mali) a rappelé que le secteur agricole était « l’épine dorsale de l’économie » du Mali et représentait 80% de la population active du pays et plus de 30% du PIB. Il s’est par ailleurs félicité que son pays se soit classé parmi les 29 qui ont pu atteindre l’objectif de sécurité alimentaire. Ceci étant dit, il a estimé que le secteur agricole reste confronté à d’immenses défis: maintenir la sécurité alimentaire d’une population croissante, gérer de façon durable les ressources naturelles dans la perspective des changements climatiques, améliorer la productivité, sécuriser et accroître les revenus des exploitants, assurer la maîtrise de l’eau. Des défis auxquels le Mali a commencé à répondre. Il a notamment travaillé à développer les progrès techniques des systèmes de production, s’est doté d’une loi d’orientation agricole et alloué 15% de son budget à l’agriculture. En parallèle, il a également initié une politique nationale de sécurité alimentaire à travers la mise en place d’un stock national et de programmes d’assistance nutritionnelle. Résultat, entre 2016 et 2017, la production céréalière s’est accrue de 8%.

Mme EMILIA VAN VEEN (Finlande) a voulu attirer l’attention sur une question centrale dans le combat pour l’éradication de la faim: la santé des plantes. La protection de la santé des plantes constitue un accès clef à la réalisation des objectifs de développement durable, notamment dans les PMA et autres pays en développement, où la progression des organismes nuisibles peut causer de graves problèmes. La FAO estime que les parasites envahissants peuvent causer des dégâts dans 40% des cultures dans le monde chaque année, avec des pertes de produits totalisant 220 milliards de dollars par an. N’ayant pas d’ennemis naturels, ils constituent un des plus grands facteurs de perte de biodiversité dans le monde. « En Afrique, une mouche de fruits, et la maladie de l’olivier en Europe, pour ne citer qu’eux, sont des menaces concrètes », propagées par le commerce international, le commerce en ligne et l’augmentation du transport aérien. Pour y remédier, la Finlande souhaite sensibiliser la communauté internationale. C’est pourquoi elle a lancé une initiative pour proclamer 2020 « année internationale de la santé des plantes » pour sensibiliser le grand public et le secteur industriel, promouvoir des pratiques responsables, et accroître le soutien des gouvernements et du secteur privé pour remédier au problème.

M. RIO BUDI RAHMANTO (Indonésie) a invité la communauté internationale à se focaliser sur le développement rural et les systèmes de production alimentaire durables afin de renforcer la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté. L’Indonésie a investi énormément pour renforcer la connectivité des zones rurales et permettre ainsi aux agriculteurs de s’insérer dans les systèmes locaux de production. Le secteur culinaire en Indonésie fait partie des domaines les plus dynamiques de l’économie nationale, a relevé le délégué, qui a précisé que ce secteur offre des emplois aussi bien dans les villes que dans les zones rurales. Des activités d’autosuffisance alimentaire sont en outre promues par le Gouvernement dans 17 provinces et 20 districts du pays. Des sites spéciaux ont été mis en place afin de connecter les agriculteurs aux marchés par le numérique, améliorant ainsi leurs connaissances, et de facto, augmentant leurs revenus. Enfin, le représentant a plaidé pour des transferts de technologies et pour l’innovation dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire, dans le but d’améliorer la qualité et la quantité d’aliments produits.

M. SUVANGA PARAJULI (Népal) s’est montré pessimiste quant à l’insécurité alimentaire, qui est un « défi humanitaire » actuel, et a qualifié les perspectives de « moroses ». Les habitants des zones rurales sont les plus touchés, a-t-il noté. M. Parajuli a fait le rapport entre la pauvreté et la faim, la première entraînant la seconde, surtout dans les zones rurales, où résident 80% des personnes très pauvres. Il a appelé à investir de façon plus qualitative, surtout dans les pays qui accusent un retard conséquent, et à renforcer les interventions en zone rurale. Dans les PMA et les pays en développement sans littoral, les difficultés s’accumulent, a-t-il relevé, en parlant notamment de son pays qui entre dans les deux catégories et se trouve donc particulièrement vulnérable aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles. La majorité de la population népalaise étant dépendante de l’agriculture pour sa subsistance, les défis sont donc multiples. Le Népal, où la Constitution garantit la souveraineté alimentaire, œuvre pour le développement de technologies agricoles durables et résistantes au climat, la modernisation des technologies agricoles, afin d’aider les PMA à trouver le chemin de la prospérité.

M. YEMDAOGO ERIC TIARE (Burkina Faso) a expliqué que l’économie de son pays reposait principalement sur l’agriculture, l’élevage et le secteur minier. Mais à lui seul, le secteur agricole (sorgho, mil, maïs, riz, arachide et coton) représente 84% de la population active et environ 40% du PIB. Selon lui, ce secteur est malheureusement menacé par la désertification, les changements climatiques, le faible développement des infrastructures de stockage, la dégradation du couvert végétal et les différents « ravageurs » de cultures. Pour prendre la mesure de ces défis, le Burkina Faso a élaboré en 2013 un document de politique nationale visant à atteindre la sécurité alimentaire à l’horizon 2025. Pour ce faire, il a déployé des programmes et des stratégies sur la sécurité foncière en milieu rural, la nutrition, la protection sociale et la résilience des communautés vulnérables. Hélas, a expliqué le délégué, les ressources budgétaires sont un goulot d’étranglement. Le pays compte de ce fait sur l’accompagnement habituel de la communauté internationale. Le délégué en a profité pour rappeler que le Burkina Faso est porteur d’un projet de résolution sur une Journée mondiale des légumineuses le 10 février.

M. MOHAMMAD ABDURRAHMAN S. ALKADI (Arabie saoudite) a relevé trois piliers de la lutte contre la faim et la malnutrition: fournir des denrées alimentaires, garantir qu’elles sont sûres pour la consommation et les rendre abordables pour tous. Le représentant a exhorté la communauté internationale à trouver des solutions durables pour garantir un approvisionnement en aliments et en eau suffisant pour tous. Pour sa part, l’Arabie saoudite a soutenu des projets liés à la sécurité alimentaire, à l’eau et à l’environnement dans plusieurs pays en investissant plus de 700 millions de dollars. Elle fournit aussi des aides financières aux Saoudiens dans le besoin.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a noté que si les interventions humanitaires sont cruciales pour freiner la famine, cela ne suffit pas pour faire face aux causes profondes de la faim. Il a donc prôné d’investir dans l’agriculture et améliorer les opportunités commerciales. Cela permettrait ainsi de réduire la vulnérabilité des PMA face à l’insécurité alimentaire. Le Saint-Siège note que la production alimentaire mondiale est plus que suffisante pour nourrir l’humanité, mais le problème tient du fait que la nourriture ne se retrouve pas là où elle est le plus demandée. L’Observateur a évoqué des problèmes de transport, de vente et de conservation des aliments. En plus, un système commercial injuste et des marchés peu fiables sont autant de conditions qui découragent les agriculteurs de produire davantage ou de transporter leurs produits jusqu’aux marchés. Le prélat a également cité le pape François qui a parlé de « culture du gaspillage », expliquant que « le consumérisme nous pousse au gaspillage de la nourriture ». Pour le Saint-Siège, la solution consistant à réduire le nombre de bouches à nourrir ne tient pas la route. « C’est une fausse solution si l’on considère les quantités de nourritures gaspillées », s’est indigné l’Observateur.

S’exprimant également au nom du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme CARLA MUCAVI (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO) a confirmé que le nombre absolu de personnes sous-alimentées a augmenté, étant passé à 821 millions en 2017, soit un niveau équivalent à celui d’il y a une décennie, selon le rapport de ces organisations, de l’UNICEF et de l’OMS, intitulé L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde. Les conflits, les chocs climatiques et la pauvreté sont parmi les facteurs expliquant cette évolution. Dans le même temps, d’autres formes de malnutrition émergent en tant que menaces mondiales: si 1 personne sur 9 dans le monde a faim, 1 adulte sur 8 est obèse. L’obésité est une maladie galopante dans les pays en développement, qui cohabite avec la sous-nutrition dans les mêmes foyers, a fait observer Mme Mucavi.

Cette situation reflète les systèmes agricoles déficients et non durables qui prévalent aujourd’hui dans le monde. Comme le relève également le rapport du Secrétaire général, l’agriculture durable et des systèmes agricoles durables sont essentiels pour inverser ces tendances et bien gérer les ressources naturelles dans la durée. Mme Mucavi a également noté la prédominance de la faim et de l’extrême pauvreté dans les régions rurales, là où les aliments sont pourtant produits, ce qui démontre encore la rupture des systèmes agricoles. Les exploitants familiaux, responsables d’environ 80% de la production agricole mondiale, sont souvent ceux qui souffrent le plus de la faim et de la pauvreté, a-t-elle constaté. Si les acteurs ruraux sont des agents essentiels de changement, ils n’ont pourtant malheureusement souvent qu’un accès limité aux terres, à l’eau, au crédit et aux marchés. Mme Mucavi a plaidé pour l’autonomisation de ces acteurs, pour des programmes de protection sociale en faveur des pauvres, pour une nouvelle alliance rurale-urbaine, pour des investissements nationaux et internationaux, et pour un changement de modèle. Elle a invité à célébrer la Journée internationale de la femme rurale le 15 octobre et la Journée mondiale de l’alimentation le 16.

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